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« Le progressisme, c’est pour les Bisounours ! »
Bruno Retailleau
00. Non Passage média · 3 août 2020

« Le progressisme, c’est pour les Bisounours ! »

A la Baule, le 29 août 2020, Bruno Retailleau appelait la droite à ne pas faire du « sous-Macron ». Il dévoile au Parisien ses propositions en matière de sécurité.


Hôte du « campus » de LR ce samedi à La Baule (Loire-Atlantique), le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau étrille le bilan, notamment sécuritaire, d’Emmanuel Macron et précise ses ambitions.

Confirmez-vous que vous serez candidat à une primaire de droite ?

BRUNO RETAILLEAU. Je confirme que je suis favorable aux primaires, nous ne pouvons pas être la droite de l’entre soi. Aujourd’hui, il n’y a pas de candidat qui écrase le match. Il faut que l’on tranche la question du processus de sélection avant la fin de l’année. Pas question de polluer les élections départementales et régionales avec la présidentielle. J’ai indiqué que je ferai valoir mes convictions. J’ai travaillé, je vois ce qu’il faut pour redresser la France. Et si ces convictions ne sont pas présentes, je les représenterai.

On dit que le favori du parti est François Baroin. Il ne vous plaît pas ?

François a des qualités. Je comprends qu’il puisse réfléchir, voire hésiter, car cette décision engage toutes les dimensions d’une vie. Après, il y a la question de la ligne : quel projet porterait-il? On ne peut plus se contenter d’attendre un candidat providentiel. Nous avons souvent déçu les Français avec cette idée d’un homme, d’une femme qui serait Superman ou Superwoman. Les Français veulent du courage, de la vérité et un projet fort.

Quel message avez-vous envie de porter ?

Nous n’avons aucune chance si nous faisons du sous-Macron. Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie. Il faut se démarquer, avoir un projet très différent. La France souffre de deux maux principaux : le désordre et l’étatisme.

Le Premier ministre Jean Castex vient des rangs de LR. Ne fait-il pas le job ?

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Les Français ont démasqué Emmanuel Macron : le charme n’opère plus. C’est la même chose avec Jean Castex : des mots sans les actes. Parlons de sécurité : Emmanuel Macron nous a promis qu’il renverrait les fameux Tchétchènes (NDLR : impliqués dans des violences à Dijon en juin) qui bénéficient du droit d’asile. Y a-t-il eu une mesure d’expulsion? Non. On se paie de mots. La devise d’Emmanuel Macron, c’est sembler faire, mais toujours faire semblant.

Cette semaine, toute la droite tape sur la sécurité. C’est votre seul angle d’attaque face à Macron ?

Non. Emmanuel Macron avait parlé de « Révolution » (NDLR : c’était le titre de son livre de candidat). Où est-elle ? De Gaulle disait : « La réforme oui, la chienlit non ». Avec Emmanuel Macron, on n’a pas la réforme mais on a la chienlit. Où est passée la réforme des retraites ? Avant le Covid, nous avions l’un des déficits budgétaires les plus élevés des 27 pays européens, sur le chômage nous étions au 24e rang. Ma critique est donc générale, même si le régalien est un angle mort du macronisme. Le progressisme, c’est un monde fait pour des bisounours. Emmanuel Macron a donné le ton en donnant raison à l’ultra violence à Notre-Dame-des-Landes contre les décisions de justice. Il a nommé Mme Belloubet (ex-Garde des Sceaux) qui a libéré en quelques mois 13 500 détenus. M. Dupond-Moretti ne semble pas vouloir remettre en cause ce laxisme.

Qu’est-ce que vous proposez ?

Première proposition : pas d’infraction sans peine – y compris pour les mineurs —, et pas de peine prononcée sans exécution. Pour qu’une sanction ait un sens, elle doit être immédiate. Je propose aussi de supprimer les rappels à la loi. Quand un maire est tabassé, il est impensable que son agresseur ne récolte qu’un rappel à loi !

Et sur l’exécution des peines ?

Il faut construire des prisons à la sécurité allégée pour les courtes peines qu’il faut généraliser, y compris celles de quelques semaines ou quelques jours. Pour des primo-délinquants, c’est efficace. La liberté conditionnelle ne devrait par ailleurs être accordée qu’une fois les trois quarts de la peine exécutés vraiment. Deuxièmement, nous aurions intérêt à compléter les sanctions pénales par la suspension d’un certain nombre d’aides sociales, y compris pour les infractions du quotidien. On devrait expulser les trafiquants de drogue condamnés des logements sociaux qu’ils occupent. Je serais d’ailleurs aussi favorable à une contribution des détenus pour leur incarcération : aujourd’hui, ce sont les Français honnêtes qui paient le séjour en prison. Enfin, on ne peut avoir une politique de sécurité sans mettre fin au désordre migratoire. Il y a un lien entre une immigration massive, clandestine, qu’on ne contrôle plus, et l’insécurité. Je le dis au risque de choquer toutes les bonnes consciences parisiennes.

Que préconisez-vous ?

Il faut accueillir moins et expulser plus, notamment en rétablissant la double peine. Il est nécessaire de limiter le regroupement familial. De même, il faut arrêter de donner des visas aux ressortissants de pays qui refusent de reprendre les clandestins que nous renvoyons.

Serez-vous candidat à votre propre réélection à la présidence du groupe LR au Sénat ?

Oui, je le serai.