30 mars 2021. Alors que les chiffres épidémiologiques de la Covid repartent une nouvelle fois à la hausse, et après une énième intervention sans action de la part du Président Macron la semaine dernière, force est de constater que la politique de vaccination menée par le Gouvernement est un échec retentissant.
Classé aujourd’hui 21ème sur 27 pays composant l’Union Européenne en matière de volume de vaccination par rapport à la population totale, notre pays reste à la merci d’une saturation des lits de réanimation, qui eux-mêmes sont depuis de longues années à un niveau largement insuffisant pour faire face à ce genre d’épidémie. Pour rappel, nous avons de base en France 5000 lits de réanimation dans notre système hospitalier, contre 25000 en Allemagne par exemple.
Ce « Gouvernement de salut sanitaire » n’a pas seulement manqué d’« ambition », il n’a tout simplement pas fait preuve d’esprit de responsabilité. Le poids de la bureaucratie sanitaire et européenne continue de faire courir un risque épouvantable sur notre économie et notamment sur nos filières touristiques, déjà lourdement impactées jusque-là.
C’est cette même bureaucratie qui sclérose déjà l’action publique en temps de paix, alors que dire en temps de crise ? Cela fait des années que je dénonce le poids de la norme. Ce normatisme que je voyais déjà, dans de précédentes fonctions, empêcher le développement de nos filières touristiques notamment ; ce même phénomène qui empêche les collectivités locales de remplir un rôle de proximité opérationnelle avec les administrés dans des conditions correctes.
Hier, Olivier Veran riait au nez des exécutifs locaux, départementaux et régionaux, lorsque ceux-ci se disaient prêts à mettre en place de véritables vaccinodromes. Aujourd’hui ce même Ministre les appelle de ses vœux, plus de deux mois plus tard…
Ce même Gouvernement nous indiquait que les premiers vaccins arriveraient en France fin décembre 2020… nous abordons le mois d’avril dans quelques jours et seule une trop mince frange de notre population aura eu accès au vaccin, au moment où le spectre d’un confinement plus strict est à nouveau d’actualité.
Les bonnes volontés sont là, sur le terrain, élus, associations, organisations médicales et hospitalières, professions libérales, sapeurs-pompiers, tous sont prêts… mais manquent les doses.
Pire, l’administration de ces mêmes doses ne seraient pas autorisées aux plus de 50 ans lorsque des communes comme Cannes ou Antibes disposeraient d’un reliquat par rapport à leur programme de vaccination… on marche sur la tête.
Que dire aussi de la nouvelle géopolitique vaccinale, où la France à la traîne, sans vision et sans cap, dépend des éventuelles rétrocessions européennes… Cette même Union Européenne qui exporte davantage de doses qu’elle n’en réserve pour sa propre population ? Là encore on marche sur la tête.
Vous me direz qu’on met souvent en cause en politique et que personne n’aurait fait mieux. Mais je refuse ce fatalisme masochiste. La France mérite mieux, la France de Pasteur devrait être leader en matière sanitaire, alors qu’on constate jour après jour qu’elle dégringole dans les classements…
Les conséquences de cette absence constante d’anticipation, dans le « en même temps » appliqué au sanitaire, c’est que notre pays est brocardé à l’étranger : quelle image, quelle décadence réputationnelle. L’Allemagne vient de placer la France en «warning», les touristes allemands qui constituent une clientèle de qualité pour notre département du Var par exemple, vont s’en détourner. Nos filières touristiques déjà lourdement touchées vont encore payer pour l’inconsistance de nos dirigeants et leur incapacité à surmonter ce qui doit l’être. Le Président Macron annonce une vaccination pour tous les Français volontaires d’ici la fin de l’été… seulement ! La saison touristique sera donc forcément réduite. Pas de mea-culpa, pas de décision, le sommet de l’Etat est d’une faiblesse absolue. Il subit, constate, maquille, transforme les réalités à son avantage et ne propose aucune perspective à la hauteur de la France.
Cette crise de la Covid continue donc d’être un révélateur géant de nos insuffisances comme de la suffisance de certains. Le moment venu, une fois que la population française sera enfin protégée et que notre économie pourra enfin repartir, viendra le temps d’en tirer les conséquences.
En attendant, soutenons les soignants, les oubliés des seconde et troisième vagues, et continuons de venir en aide aux secteurs les plus sinistrés par cette crise épouvantable.
Françoise DUMONT
Sénateur du Var
Conseiller départemental du Var