Bruno Retailleau réagit aux voeux d’Emmanuel Macron le 31 décembre 2019.
Lorsque Emmanuel Macron évoque la bonne santé de notre économie, on a quand même le sentiment qu’il voit le monde de sa tour d’ivoire. Pas un mot sur un taux de chômage 2 fois supérieur à la moyenne européenne. Pas un mot sur une dette qui passe cette année la barre des 100% du PIB et qui plombe les générations futures. Il y a chez Emmanuel Macron un incroyable propension à présenter une réalité que lui seul voit.
Il nous a parlé du commun mais que constate-t-on ? Jamais en France « le commun » ne s’est autant étiolé, jamais un Président n’a autant divisé les Français et ne les a opposés les uns aux autres. L’année 2019 s’achève comme la précédente dans le désordre et la discorde.
Je crains que cette fin d’année corresponde à la fin de l’espoir d’une réforme des retraites juste et efficace. Car d’exonérations en exemptions, de compromis, de faveurs accordées en privilèges reconduits, la réforme d’Emmanuel Macron n’a déjà plus d’universelle que l’étiquette. Le futur système va se transformer en un archipel de régimes particuliers aux règles dérogatoires qui va coûter très cher aux Français. Une fois de plus, les grandes victimes seront monsieur et madame tout le monde, toutes ces Françaises et ces Français qui ne sont pas assez riches pour être aidés mais travaillent assez dur pour payer. Eux seuls se verront appliquer les nouvelles règles, dont la seule certitude au milieu de tant de brouillard est qu’elles s’articuleront autour de la valeur d’un point qui pourra désormais baisser au gré de la conjoncture économique.
Emmanuel Macron continue d’affaiblir l’unité française, dont nous avons tant besoin. Cette unité est fondée sur la solidarité sociale, l’autorité de l’Etat et l’identité culturelle. La solidarité sociale s’effiloche sous l’individualisation du système social, l’autorité de l’Etat est chaque semaine défiée par les voyous et notre identité culturelle s’abîme face à un communautarisme conforté.
Les Français ont besoin d’ordre et de concorde. Les vœux d’Emmanuel Macron n’ont répondu ni à l’un ni à l’autre.
Bruno Retailleau
Président du groupe Les Républicains au Sénat