Pour le président du Sénat Gérard Larcher, l’écologie ne doit pas être abordée par le prisme électoral. Il appelle à apaiser le pays et pour cela donner plus de responsabilités aux élus locaux et renforcer la laïcité.Vous allez entrer en campagne des municipales. Comment s’annonce cette élection ? Faut-il retirer la réforme des retraites ? Comment apaiser le pays ? L’écologie est le thème à la mode de cette élection. la droite n’a jamais été à l’aise sur ce sujet ? La réforme des institutions, la réduction du nombre de parlementaires sont enterrées ?
Retrouvez son interview dans le Dauphine Libéré le 13 février 2020 :
Vous allez entrer en campagne des municipales. Comment s’annonce cette élection ?
L’ambiance dans le pays est tendue sous l’effet des fractures qui se sont aggravées avec la réforme des retraites. Elle a été mal conduite si bien que les Français sont passés en deux ans et demi de l’adhésion pour un projet universel qui paraissait plus juste à la suspicion puis au rejet. Dans ce contexte, les maires et les élus municipaux sont des facteurs d’apaisement, des réducteurs de fractures. C’est pourquoi je pense que l’électeur témoignera d’une réelle confiance aux maires sortants. Dans les villes de plus de 30 000 habitants, où le scrutin est plus politique, cela annonce des difficultés pour la majorité présidentielle.
Faut-il retirer la réforme des retraites ?
L’erreur originelle est de ne pas avoir abordé l’âge légal. On aboutit à un texte que l’on nous demande d’étudier sans certitudes juridiques ni impact financier. Il faut reprendre la copie au départ.
Comment apaiser le pays ?
D’abord en changeant la méthode de gouvernance. Il faut retrouver de la proximité. Je présiderai au Sénat un groupe de travail comprenant tous les groupes politiques sur la décentralisation qui à l’été 2020 formulera des propositions guidées par trois thèmes : l’autonomie des collectivités, la différenciation et la subsidiarité, autrement dit de bien définir qui est le mieux placé pour faire quoi. Ce travail s’appuiera sur une plateforme ouverte aux élus locaux et aux citoyens.
Ensuite l’État doit prendre des mesures correctives fortes en termes de fiscalité, de santé, d’aménagements : la croissance du pays est de 1,3 % ce qui est correct mais la réalité c’est que dans certaines métropoles elle dépasse 3 % et qu’elle est négative dans beaucoup de territoires. Enfin la laïcité qui nous permettra de retrouver une seule communauté nationale. Le combat contre ceux qui veulent se séparer des règles de cette communauté demande des mesures concrètes et efficaces pour lutter contre la radicalité religieuse, pour structurer le culte musulman. Et je rappelle cette phrase d’Aristide Briand : « La loi doit protéger la foi tant que la foi n’entend pas dicter la loi ».
L’écologie est le thème à la mode de cette élection. la droite n’a jamais été à l’aise sur ce sujet ?
Historiquement, c’est faux. Les parcs nationaux, la protection des espaces, la loi littoral, ce sont des avancées du gaullisme ! Je suis pour une écologie responsable et réaliste. L’écologie ne doit pas être une course effrénée à l’arbre planté comme elle doit éviter de pointer du doigt l’agriculteur, l’avionneur, le salarié qui prend sa voiture pour aller au travail. Je suis contre une approche électoraliste du sujet qui conduit inévitablement à la surenchère mais favorable à une évaluation de l’impact écologique de chaque loi, de chaque décision et surtout à un accompagnement technique et financier de ceux qui doivent changer leurs pratiques. Le Sénat a amélioré la loi sur l’économie circulaire, notamment sur le suremballage plastique et mène en ce moment une étude sur l’impact carbone du numérique qui en 2025 aura dépassé celui de l’automobile. Dans trente ans des minerais nécessaires au photovoltaïque et aux batteries seront épuisés. On doit prendre les décisions à l’aune de ces éléments.
La réforme des institutions, la réduction du nombre de parlementaires sont enterrées ?
Le Sénat est prêt et disponible pour aborder le texte du gouvernement avec trois conditions : aucun abaissement des droits du Parlement, pas plus de 20 départements et territoires d’outre-mer avec un seul député et sénateur, l’examen en un seul bloc des parties constitutionnelle, organique et ordinaire.