Michel Vaspart, sénateur des Côtes d’Armor interpelle le Gouvernement sur l’impotence de l’Etat et sur la lourdeur de notre administration. La crise sanitaire et économique que nous traversons révèle un peu plus ces dysfonctionnements qui freinent l’esprit d’entreprise de nos concitoyens et empêchent l’efficacité de nos services publics.
Il paraît que nous avons le meilleur système de santé du monde ! Pourquoi, après tout, les Français n’y croiraient-ils pas lorsque élus et technostructure rabâchent en permanence cette allégation ? L’arrogance française est toujours présente et prompte à donner des leçons à la Terre entière ! Nous sommes les meilleurs du monde. Nous avons la meilleure protection de nos concitoyens. Nous avons la meilleure administration. Pour certains, qui sont figés dans leurs certitudes, « le monde entier nous envie ! » Le problème, c’est qu’aucun pays ne nous a copiés…
Cette technostructure tentaculaire, qui génère des besoins de financement colossaux, payés par nos impôts et par l’emprunt, donc l’endettement des Français, a paralysé notre pays depuis des années et l’a empêché de se moderniser.
Chacun d’entre nous, qu’il soit élu local, chef d’entreprise ou simple citoyen, sait quel parcours du combattant est nécessaire pour faire aboutir des projets d’investissements, de création d’entreprise ou même une simple démarche auprès de nos administrations. Ce sont en permanence des obstacles, des empêchements, alors que cette technostructure, ses administrations centrales ou déconcentrées, devraient avoir pour devise : « le devoir de faciliter l’économie et l’emploi de notre pays, le devoir de faciliter les démarches de toute nature des Français et de protéger les plus fragiles ».
Une révolution des mentalités, une remise en cause de nombreuses structures publiques et parapubliques qui empêchent, qui coûtent et qui nuisent à toute initiative et à la fluidité nécessaire, sont indispensables ! Remettre en cause toutes ces agences qui ont proliféré, un certain nombre d’autorités administratives indépendantes, que les Gouvernements successifs ont mis en place pour fuir ou se dégager des responsabilités qui incombent aux ministres et au Gouvernement, est également indispensable.
Notre administration de la santé n’échappe malheureusement pas à cette règle. Comme les autres, elle est pléthorique, lourde, croule sous des procédures empêchant toute fluidité, toute réactivité. Avant la tenue d’une probable et nécessaire commission d’enquête, la crise que nous traversons actuellement aura révélé avec force tous les dysfonctionnements de la technostructure du Ministère de la Santé.
Pour comparer, l’Allemagne consacre à peu près le même pourcentage de son PIB à la santé que la France. La grande différence, c’est que l’Allemagne affecte un peu plus de 24% des personnels hospitaliers à des missions administratives quand la France en affecte 35%. Dès lors, on comprend aisément qu’il puisse y avoir plus de soignants en Allemagne qu’en France et davantage de moyens investis pour le même coût global en part de PIB (sans compter une compétence partagée entre l’État fédéral et les Landers).
Quant aux conseillers de tous ordre dans les ministères et grands établissements publics, ils n’ont, pour la grande majorité d’entre eux, aucune expérience professionnelle dans la « vraie vie » et, qui plus est, sont quasiment tous issus des mêmes écoles ou formations. Personne ne devrait pouvoir être conseiller d’un ministre ou de grands décideurs publics sans avoir eu une expérience professionnelle d’au moins 7 ans dont 5 ans dans le secteur privé.
Les élus passent et l’administration reste, quelle que soit la sensibilité politique des élus. Nos concitoyens doivent en prendre la mesure. Les ministres ont évidemment leur responsabilité, mais ils ont un tel emploi du temps, un tel nombre et une telle diversité de sujets à traiter que, dans la plupart des dossiers, ce sont leurs conseillers qui décident en lien avec les haut-fonctionnaires des ministères, ces conseillers étant souvent des haut-fonctionnaires de ces mêmes ministères, issus des mêmes grands corps, et placés en disponibilité.
Le plus souvent, les parlementaires, notamment ceux qui ont une expérience d’élu de terrain, lorsqu’ils vont défendre un dossier, sont rarement écoutés par les conseillers qui considèrent détenir la Vérité ou la solution. Étant proches du ministre ou des grands décideurs, il est évident qu’ils sont plus entendus que n’importe quel parlementaire ou élu local.
Ajoutons les sacro-saintes procédures – où souvent mille et une personnes ou services doivent être consultés – déjà très lourdes voire insupportables en situation normale, sans compter la multitude de financements croisés entre Europe, État, régions, départements, intercommunalités et communes, il suffit d’imaginer les conséquences en situation de crise. D’ailleurs, pas besoin de les imaginer, nous sommes en train de les vivre !
Ces dysfonctionnements sont de plus en plus prégnants et de plus en plus insupportables. Tout ceci explique la montée des mécontentements et le rejet de cette technostructure par nos concitoyens et même parfois par nos élus locaux qui sont pourtant, dans certaines de leurs fonctions, des représentants de l’État ! Gouvernants et parlementaires n’arrivent ni à réduire cette administration, ni à la maitriser, ni à lui faire respecter des objectifs de résultat.
Notre Etat est malade !
A la sortie de cette crise, le Président de la République, le Gouvernement, les Assemblées parlementaires, l’ensemble des élus de la République, avec leurs associations, devront se saisir de ce sujet à bras-le-corps, car la colère froide de nos concitoyens ne s’est pas dissipée avec cette crise, bien au contraire…
Michel VASPART
Sénateur des Côtes-d’Armor