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« Je veux faire valoir mes convictions. »
Bruno Retailleau
00. Non Passage média · 1 septembre 2020

« Je veux faire valoir mes convictions. »

Le 24 août, Bruno Retailleau donnait une interview dans l’Est Républicain à quelques jours de la rentrée politique de la droite. Pour lui, le programme de la droite doit être fondé sur l’ordre régalien en matière de sécurité et d’immigration.


Les mesures sanitaires et économiques du gouvernement sont-elles suffisantes ?

La France a un temps de retard parce que le gouvernement est resté trop passif face au virus. Nous n’avons pas de stratégie massive de dépistage, de traçage, d’isolement. Au fond, la crise révèle nos faiblesses : nous avons le niveau de dépenses publiques, de prélèvements le plus élevé et nous sommes incapables de proposer des masques, des tests à tout le monde. L’autre temps de retard, c’est d’avoir laissé passer l’été pour le plan de relance économique. Je propose un plan de formation massif pour ceux qui perdront leur travail plutôt que des licenciements secs (il y a de l’argent pour la formation professionnelle), un plan pour la participation des salariés dans les entreprises avec zéro taxe, une baisse des impôts de production et des charges et un choix clair du Made in France qui est bon pour l’emploi et bon pour la planète. La relance doit être une relance pour la France. Elle ne doit pas profiter à la Chine et pour cela, il faut changer le logiciel européen sur la concurrence et le libre-échange en créant par exemple une frontière verte et sociale qui passera par une taxe pour les pays qui pratiquent le dumping social et environnemental.

Certains proposent de baisser la durée du travail sur la semaine et sur la carrière ?

Si on ne veut pas accumuler une dette astronomique pour nos enfants, il faut au contraire encourager la croissance et le travail qui paye. On a la durée de travail la plus faible d’Europe et un déficit de 30 milliards du système de retraite. Si on ne décide pas d’augmenter l’âge légal de la retraite à 64 ans, on paupérisera les retraités. Pour les actifs, en passant l’année à 1 700 heures de travail sans taxer d’un centime les heures sup et sans baisser la prime d’activité, on dégage 1 250 € de revenu net en plus par an sur les plus bas salaires soit l’équivalent d’un treizième mois pour un SMIC. Il faut avoir le courage des dire aux Français que moins de travail, c’est moins de revenus et moins de protection sociale..

Au Sénat, vous avez voté certaines réformes économiques et sociales du gouvernement ?

Nous sommes un contre-pouvoir et nous incarnons une opposition ni pavlovienne ni jupitérienne. Nous avons par exemple voté les mesures de chômage partiel mais nous avons alerté le conseil constitutionnel qui nous a donné raison sur la loi Avia laquelle confiait la censure sur internet aux géants américains du web comme Google

Les élections sénatoriales ont lieu le 27 septembre.Quel est votre objectif ?

Elles démontreront que lorsque la droite et le centre sont unis, ça fonctionne : ensemble nous avons gagné 56 % des villes aux municipales et les sénatoriales refléteront ce succès qui confortera notre majorité au Sénat. Les écologistes ont obtenu des succès marquants mais il n’y a pas eu de vague verte.

En quoi la droite peut-elle se différencier de la politique d’Emmanuel Macron ?

Le trou noir du quinquennat, c’est qu’un désordre généralisé s’est installé dans le pays sur la sécurité, l’immigration, la laïcité et plus généralement la crise de l’autorité. Non seulement, l’autorité n’est pas respectée mais elle n’est pas acceptée. Sur la sécurité, Macron, c’est une belle continuité avec l’époque Hollande et Taubira On vient de libérer 13 500 prisonniers sans passer par de juges d’application des peines. Un maire a été agressé dans la Manche et ça termine par un rappel à l’ordre.Je propose de supprimer cette notion de rappel à la loi : toute transgression mérite sanction. Par ailleurs, il faut élargir le recrutement des magistrats. Depuis l’épisode du mur des cons, on sait que certains juges rendent justice plus par idéologie qu’au nom du peuple français. Sur l’immigration, on doit être plus exigeant sur l’assimilation et changer la loi pour faciliter les expulsions et restreindre l’accès à la nationalité et au regroupement familial : trop peu le disent mais il y a un lien entre immigration massive et insécurité parce qu’à partir d’un certain seuil, on fabrique une contre-société. Il faut que l’ordre revienne en France.

Le candidat de la droite en 2022 doit-il venir forcément du parti LR ou d’une primaire de la droite et du centre ?

Les partis sont désormais trop faibles pour porter à eux seuls un candidat. C’est pourquoi notre candidat doit être légitimé par un processus de sélection apaisé, après les régionales et départementales et avant l’été 2021 car en 2016, la primaire est arrivée trop tard : pendant qu’on départageait nos candidats dans un climat de discorde, les autres étaient en campagne pour la présidentielle. La primaire est le plus mauvais système à l’exception de tous les autres : sans ce processus de sélection, la droite s’autodétruira au premier tour. Autour de Gérard Larcher et Christian Jacob, les candidats doivent s’accorder sur ce processus avant la fin de l’année. Il en va de la survie de la droite et de l’avenir du pays.

Xavier Bertrand dit que les régionales seront sa primaire ?

Une élection régionale n’est pas une élection nationale : les électeurs se déterminent sur des sujets locaux. Et puis tous nos électeurs ont le droit de sélectionner notre candidat, qu’ils habitent Lille ou Marseille.

Serez-vous candidat à ces primaires ?

Je veux faire valoir mes convictions et ce qui me semble bon pour mon pays. La droite et le centre ne peuvent pas devenir un club de vétérans qui se partagent les derniers postes ni un cercle de prudents qui n’insultent pas l’avenir en misant sur la réélection d’Emmanuel Macron. Soit nous considérons que la droite est en sursis, soit nous misons sur une droite du sursaut. Car c’est d’un sursaut dont aura besoin la France après ce quinquennat d’Emmanuel Macron qui semble faire mais qui ne cesse de faire semblant !