Le Sénat a adopté cette nuit le projet de loi proposé par le Gouvernement pour autoriser, à titre dérogatoire, la filière betteravière à utiliser des semences traitées avec des produits phytopharmaceutiques de la famille des néonicotinoïdes jusqu’en 2023. Cette interdiction, adoptée en 2016 sans que le Gouvernement ne prenne la peine de réaliser une étude d’impact préalable, laissait présager les difficultés techniques à venir pour certaines filières agricoles pointées du doigt mais surtout, laissées sans alternative scientifique, ni solution technique efficace.
« En votant le texte du Gouvernement, nous lui demandons avant tout des gages en matière de recherche. L’exécutif doit en effet toute mettre en œuvre pour aider les filières à développer des alternatives aux pesticides, prioritairement dans les filières en difficulté comme celles de la betterave ou de la noisette » souligne Olivier Rietmann, Sénateur de la Haute-Saône, avant de rappeler que «sans un véritable plan d’aide à la recherche, la production française reculera au profit de producteurs étrangers et de produits importés et cultivés avec des pesticides interdits en France…! ».
« Nous sommes aujourd’hui au pied du mur : nous avons d’une part des producteurs de betterave dépourvus de moyens techniques pour faire face à l’attaque des pucerons verts, vecteurs du virus de la jaunisse et d’autre part, un consensus large sur l’absence d’alternatives aux néonicotinoïdes capable de lutter contre cette maladie » déplore le Sénateur.
« Cette dérogation est en conséquence strictement encadrée par des garde-fous indispensables tels que sa limitation dans le temps et sa restriction aux traitements enrobés » détaille Olivier Rietmann qui souligne également la création d’un conseil de surveillance chargé du suivi et du contrôle de la recherche et de la mise en œuvre d’alternatives aux néonicotinoïdes.
Le Sénateur appelle désormais le Gouvernement à soutenir les filières impactées en renforçant les moyens alloués à la recherche afin de trouver le plus rapidement possible des voies alternatives comme, par exemple, les techniques pour développer une résistance des cultures à la maladie ou une transition vers la polyculture qui favorise la régulation biologique.