Le président du groupe LR au Sénat formule dans le Parisien du 15 novembre 2020 des propositions pour aider les commerçants, les associations et les jeunes, et évoque l’allongement des allocations jusqu’à 23 ans.
Le sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau, l’un des possibles candidats de la droite pour 2022, met en garde contre la « pauvreté » liée à la crise sanitaire. Et évoque ses propositions en exclusivité au « Parisien » – « Aujourd’hui en France ».
Jean Castex a annoncé que les commerces non essentiels pourraient peut-être rouvrir après le 1 er décembre. C’est une perspective réjouissante ?
Le gouvernement devrait dire et assumer clairement qu’ils pourront rouvrir le 1er décembre. Aucune étude épidémiologique sérieuse ne montre que l’ouverture des petits commerces est plus risquée que celle des grandes surfaces. Il faut rouvrir sur la base d’un protocole renforcé, par exemple en fonction du nombre de mètres carrés, et il faut donner la main au préfet pour territorialiser les mesures. On ne peut pas rester quinze jours de plus dans l’incertitude. Beaucoup de commerçants et d’indépendants sont sur le point de craquer.
Que proposez-vous pour les aider ?
Aujourd’hui, en matière de baux commerciaux, le propriétaire-bailleur encaisse trois mois de dépôt de garantie. Je propose que cette caution permette aux commerçants de ne plus payer de loyer pendant trois mois. Cette caution serait reconstituée dans les deux années à venir. Toujours pour les commerçants et les indépendants, dont beaucoup sont désorientés, il faut un numéro d’urgence SOS Covid par département qui permette de regrouper tous les services qui pourront prendre en charge les situations d’urgence économique et sociale.
Jean Castex n’est pas à la hauteur de la situation ?
Il est animé par le sens de l’intérêt général, mais il a deux boulets au pied. Celui de la technocratie qui édicte des règles qui, souvent, défient le bon sens. Comment comprendre que l’on puisse acheter du vin chez un caviste et être interdit de mettre les pieds dans une librairie ? Son autre boulet est la judiciarisation de notre société. Les ministres sont tétanisés par le risque pénal. J’ai été choqué par les perquisitions à 6 heures chez Olivier Véran, en pleine gestion de la pandémie.
La crise sanitaire provoque aussi une crise sociale…
La vague épidémique monte mais la vague sociale monte encore plus fort. La pauvreté, elle, n’est pas confinée. Si on ne fait rien, nous aurons des centaines de milliers de nouveaux pauvres. On a des jeunes qui payaient leurs études par des petits boulots et qui ne les ont plus. On n’a pas le droit de détourner le regard de cette réalité. Le virus, c’est aussi celui de l’indifférence.
Que proposez-vous ?
Je propose un contrat « urgence jeunes zéro charge » qui permettrait aux jeunes d’être rémunérés en contrepartie de boulots de proximité et de solidarité. Ça peut être du tutorat vis-à-vis des lycéens, de l’aide auprès des soignants des Ehpad, de la distribution d’aide alimentaire… Mais on ne peut pas se contenter d’une solidarité uniquement verticale, de type étatique. Les familles et les associations, en temps de crise, ce sont des boucliers sociaux.
Quelle mesure pour les familles ?
Un « bouclier familial » qui étendrait, au moins pendant un an, les allocations jusqu’à 23 ans (contre 20 ans aujourd’hui) et permettrait le cumul des allocations familiales et des APL. Je propose aussi de passer les déductions fiscales pour les dons aux associations luttant contre la précarité de 75 % à 85 % et d’augmenter le plafond ouvrant droit à déduction de 1 000 à 1 500 € pour les particuliers.
Nicolas Sarkozy a proposé vendredi un « moratoire » sur l’immigration. Votre avis ?
Ce n’est pas suffisant. Sur le sujet de l’immigration, il faut cesser de faire dans la demi-mesure. Il y a urgence à prendre, comme l’ont fait d’autres pays européens, des mesures fortes. Il faut dès aujourd’hui stopper l’immigration illégale, expulser plus mais aussi réduire le regroupement familial et le tourisme médical.