Dans un contexte marqué par la multiplication des incidents et des difficultés empêchant le bon exercice des mandats et provoquant une crise de l’engagement, le Sénat a apporté une réponse forte en adoptant sa proposition de loi portant création d’un statut de l’élu local.
Afin de revigorer la démocratie locale, le Sénat a voté un large éventail de mesures pour améliorer très concrètement les conditions d’exercice des élus locaux, offrir davantage de sécurité juridique et garantir une fin de mandat plus sereine.
Améliorer les conditions d’exercice des élus locaux
Sur le plan financier, les sénateurs ont voté une revalorisation des indemnités de fonction des maires et des adjoints, démarche essentielle dans un contexte marqué par l’inflation des prix et du coût des missions assurées par les élus. L ’indemnité de fonction du maire d’une commune de 500 à 1.000 habitants passera ainsi d’environ 1.657 euros à 1.829 euros.
Le principe de la fixation par défaut de l’indemnité maximale, actuellement applicable au seul maire, est étendu à l’ensemble de l’exécutif local, tandis que le remboursement de certains frais de déplacement aux réunions auxquelles participent les élus municipaux est systématisé.
Enfin, le bénéfice de la dotation particulière relative aux conditions d’exercice des mandats locaux (DPEL) a été étendu des communes de moins de 1.000 habitants actuellement aux communes de moins de 3.500 habitants.
Par ailleurs, les conditions pratiques d’exercice des mandats et de conciliation des vies publique, professionnelle et personnelle seront facilitées notamment par :
- L’extension du champ des autorisations d’absence pour les élus municipaux ;
- Le rehaussement du plafond de remboursement des pertes de revenus subies en raison des absences par les élus ne bénéficiant pas d’indemnités de fonction ;
- Une meilleure prise en compte de l’engagement d’élu local dans les déroulements de carrières des salariés et des fonctionnaires ;
- L’assimilation des temps d’absence de l’élu à une durée de travail effective pour l’octroi des prestations sociales ;
- La création d’un label «employeur partenaire de la démocratie locale », afin de reconnaître et valoriser l’engagement des entreprises employant des élus locaux.
Le Sénat a également tenu à renforcer l’accompagnement des élus ayant cessé leur activité professionnelle pour exercer leur mandat, et en particulier de ceux qui se trouvent empêchés d’exercer ce dernier par l’accueil d’un enfant, l’adoption, voire un accident du travail.
Pour cela, il a voté la possibilité de cumuler les indemnités journalières avec une indemnité de fonction pour l’élu ayant cessé toute activité professionnelle et se trouvant en congé maternité, paternité ou d’adoption.
Offrir davantage de sécurité juridique
Le texte adopté comprend en outre un arsenal de mesures destinées à mieux protéger les maires et à faciliter leurs démarches déontologiques. D’une part, en levant certaines des ambiguïtés de la législation sur la prise illégale d’intérêts, qui sont actuellement susceptibles de créer des risques juridiques non-négligeables au détriment des élus de bonne foi. En parallèle, les élus seront mieux protégés par l’octroi automatique de la protection fonctionnelle à ceux qui seraient victimes de violences, menaces ou outrages et la possibilité d’en bénéficier en cas d’audition libre durant des poursuites pénales.
D’autre part, par des dispositions visant à simplifier la vie des élus, en permettant l’abaissement du quorum des organes délibérants des EPCI et syndicats mixtes fermés en cas de déports de certains membres, évitant par là des problèmes de quorum générés par l’application du droit en vigueur, ou encore en prévoyant que les déclarations d’intérêts des élus locaux soient pré-remplies par la HATVP.
Garantir une fin de mandat plus sereine
Enfin, le texte voté facilitera le retour des élus vers la vie professionnelle. Les élus locaux en fin de mandat bénéficieront d’un bilan de compétences automatique, de la validation des acquis de l’expérience, et de l’intégration des crédits d’heures dans le calcul des droits à l’allocation de retour à l’emploi (ARE), ou, lorsque l’élu fait usage de son droit à réintégration, la prise en compte de la durée de suspension du contrat dans le calcul de l’ancienneté requis pour définir la durée du préavis et le calcul de l’indemnité de licenciement. Et l’ensemble des maires et adjoints bénéficieront de l’allocation différentielle de fin de mandat.
Avec ce texte les sénateurs ont exprimé leur soutien sans faille aux élus locaux, premiers garants de notre démocratie.