Cette tribune d’Alexandra Borchio-Fontimp a été publiée dans Monaco-Matin le 28 octobre 2020.
De Jules Ferry à Samuel Paty, l’histoire de la laïcité à l’école est marquée de conflits au cours desquels la République a su défendre une idée. Il ne s’agit pas de détruire la foi que les élèves peuvent avoir mais de leur apprendre à penser librement. La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
La mort tragique de Samuel Paty a frappé nos enseignants dans leur chair. Il est mort parce qu’il faisait son métier, car « la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. » (art L.111-1 du code de l’éducation).
Assassiné pour avoir expliqué à ses élèves, pendant un cours d’enseignement moral et civique, l’importance de la liberté d’expression. En France les enseignants qui transmettent leur savoir se font décapiter. Qui aurait un jour pu imaginer qu’un tel drame puisse se produire ?
La réponse doit être à la hauteur.
C’est bien pour obtenir des réponses claires et fortes mais aussi pour leur faire part de mes propositions, que j’ai tenu à écrire au ministre de l’Intérieur et au ministre de l’Education nationale. Mes premières interventions de sénatrice marquent ainsi symboliquement mon engagement sur un sujet qui me tient à cœur, et que j’ai toujours défendu lorsque j’étais journaliste, celui de la liberté d’expression et d’information, piliers d’une société saine et démocratique sur lesquels repose la croissance sociale et économique.
Alors maintenant que fait-on ? Les mots ne suffisent plus. Les Français attendent des mesures justes, rapides et concrètes. A quelques jours de la rentrée scolaire, les professeurs de France et tous ceux qui transmettent les valeurs de notre République ont besoin de se sentir soutenus. Nous devons, citoyens, élèves, parents, élus, lutter contre la tentation de l’auto-censure.
La fracture est profonde. Il nous faut combattre l’origine de ce terrorisme islamiste qui, le 16 octobre, s’en est pris à l’esprit des Lumières, à notre culture, à tout ce qui représente la France. En ce début du XXIe siècle, le progrès prodigieux des connaissances scientifiques n’a pas fait reculer les croyances irrationnelles et les superstitions.
Les autorités religieuses sont plus que jamais rappelées à leurs responsabilités, non seulement pour l’enseignement de leur vérité, mais pour prévenir les dérives de celles et ceux qui, se réclamant de leur propre ignorance, se mettent au service d’un fanatisme tueur.
Aussi difficile que soit la tâche, elle n’en est que plus urgente. A l’image de cette concorde nationale ressentie lors de l’hommage à Samuel Paty à la Sorbonne, puisse notre nation tout entière se lever pour éradiquer ce mal.