Il y a quelques jours, la FCPE a diffusé une affiche figurant une mère vêtue d’un voile avec sa fille et titrant : « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? La laïcité, c’est accueillir à l’école tous les parents sans exception. #SeRespecter. Votez FCPE ».
Tout d’abord, dans ce cadre, les parents ne sont pas invités à sortir, mais assurent un rôle d’accompagnants. D’autre part, le terme « se respecter » est pour le moins ambigu : une maman serait-elle plus respectable qu’une autre parce qu’elle porte un voile ? À l’heure où la laïcité fait face aux plus grandes menaces et l’unité de la République est menacée par le communautarisme, il est particulièrement regrettable, notamment de la part d’une importante fédération de parents d’élèves, de sortir de son cadre et de sa mission en participant à la remise en cause de la laïcité par une forme de propagande confessionnelle qui met à mal la liberté de conscience des enfants.
En effet, les sorties scolaires faisant partie intégrante du temps scolaire et le principe de laïcité imposant la plus totale neutralité aux adultes intervenant dans ledit temps scolaire, votre choix de soutenir l’intervention, lors des sorties scolaires, de parents d’élèves arborant des signes ostentatoires d’appartenance religieuse constitue non seulement une forme grave de clientélisme électoral, mais aussi une dangereuse incitation au prosélytisme.
Je tenais dès lors à vous rappeler l’attachement de tous les véritables républicains au principe constitutionnel de laïcité, et notamment à la neutralité religieuse de tous les intervenants durant le temps scolaire, dernier rempart de la liberté de nos enfants contre les tentatives de manipulation et d’endoctrinement, comme le rappelait Jean ZAY dans sa circulaire du 15 mai 1937 : « L’enseignement public est laïc. Aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise dans les établissements. » Je tiens à vous informer que, par une motion votée lors de son congrès de juin 2019, la fédération des DDEN souhaite que les accompagnants des sorties scolaires puissent être reconnus comme auxiliaires bénévoles, entraînant donc une obligation de neutralité et le respect de la laïcité pour tous les accompagnants.
Pour l’ensemble de ces raisons, j’ai déposé au Sénat, le 9 juillet dernier, une proposition de loi tendant à assurer la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l’éducation, que vous trouverez ci-jointe.
Sachez que je me battrai de toutes mes forces, aux côtés de toutes celles et tous ceux aux yeux desquels la notion de laïcité a un sens, pour que cette proposition de loi soit adoptée. Il en va de la protection des enfants, comme de l’unité et de l’indivisibilité de la République.